17.2.17

Septième hiver

L'hiver de l'autre côté des tropiques ce n'est pas exactement le verglas, les sous-pull et le chauffage à fond. Puisque même durant leur hiver, les tropicaux trouvent que le climatiseur n'est pas assez froid.

Du coup arrivé ici c'est la surprise. 

C'est l'histoire d'une tropicale, qui ne connaissait de Mbeng que l'aéroport Roissy CDG. Et le chemin en taxi jusqu'à ce petit hôtel particulier à Vavin, près d'un futur lieu incontournable de sa vie, la gare Montparnasse. Ce matin là donc, après avoir déposé ses bagages, elle ressortait faire des courses et découvrir la capitale. Alors oui on était en Été. Alors oui le soleil dehors éclairait bien tout en cette journée d'août. Mais était-ce vraiment nécessaire de mettre la climatisation à fond dans le hall de l'hôtel ?

La porte était simplement ouverte. Pas de climatisation. Mince alors. Le froid de Mbeng (après vérifications, la minimale le jour de mon arrivée en France était 19°. J'ai honte).  Force est de constater qu'à mon sixième hiver j'ai enfin accepté le froid (le vrai) dans ma vie et que durant ce septième hiver, je trouve qu'il a autant sa place que ses trois saisons sœurs. C'est le cycle de la vie. C'est l'occasion de porter des bottes à talons, de ressortir ces belles écharpes, et surtout, de profiter du plaid à volonté.

Comme quoi on s'habitue à tout, ou pas...

Je ne sais pas si j'irai jusqu'à dire que je suis habituée. Est-ce qu'une tropicale peut vraiment s'habituer au froid ? En tout cas plusieurs personnes ont passé beaucoup plus d'hivers que prévu. Plusieurs personnes ont enfin fui cet hiver. Parce que l'hiver c'est bien la période de l'année où on se remet en question. Quelles sont les raisons pour lesquelles on "supporte" cet hiver ? Pourquoi ne pas être sur une plage caribéenne ou plus humblement dans un taxi à Yaoundé ?

On a notre routine. On a accepté (ou pas) le cycle des saisons. En septembre on cherche la valise des pulls, c'est courant. Et pourtant, peut-être à cause de cette fameuse carence en vitamine D, il arrive ce moment. Il apparaît en hiver (ou peut-être en automne). Ce moment où on fait le point sur ce qu'on est, sur ce qu'on fait et d'où on se voit. Pourquoi est-ce qu'on y est pas ? C'est comme si à chaque fois que le froid s'insérait dans ce petit espace non couvert par l'écharpe, on se rappelait. C'est comme si toutes les fois où le froid a gelé nos mains, au lieu de se promettre de ne plus jamais oublié les gants, on se rappelait juste qu'on vient d'un passé, ou qu'on se dirige vers un futur où il n'y a rien de tout ça.

Les hivers se suivent et ne se ressemblent pas

Heureusement pour nous, on avance ! Heureusement pour nous, si on est là, c'est qu'on s'accroche à quelque chose et avec même un peu de chance, des fois on n'est pas tout seul. Heureusement pour nous, on murit. Parce que je vous assure que pour accepter l'hiver dans sa vie entre Septembre et Mai il faut faire preuve de beaucoup de détermination. Alors avant qu'on ne me traite de tout j'ai des preuves autres que ma mémoire. En septembre 2015, on a eu un 8° et des 9°. De même en mai 2013 en région nantaise on a eu des 5°, 6°, 7°  (jusqu'à 3° en région parisienne).

Pour vous dire que même le En mai fais ce qu'il te plaît là, si tu ne fais pas attention, c'est la maladie qui te plaira. Non l'hiver demande une concentration de chaque instant, sur de longs mois, et bravo à tous ceux qui tiennent ! Un grand penseur que je connais avais dit la vie est difficile partout, mais je préfère souffrir sous le soleil. A ce penseur, je dis j'arrive. Le temps de préparer mes valises (ce qui vu ce que je veux y mettre peut prendre plus ou moins de temps), et j'arrive.

Fille de l'équateur un jour, fille de l'équateur toujours ! D'ailleurs mes cendres ne pouvant pas être versées sur cette terre hivernale, j'ai plutôt intérêt à rejoindre le continent sur mes deux pieds.

Des bises.
De l'espoir, (toujours)

HD


15.2.17

C'est la vie

Quand contrairement aux autres, ton grand frère ne peut pas menacer les gens qui te dérangent à cause de son autisme, tu comprends très tôt que c'est la vie.

Quand ta grande soeur et toi n'avez vécu qu'en chassé-croisé et qu'elle aussi était trop loin pour faire quoique ce soit, tu comprends très tôt que c'est la vie.

Quand ta mère, qui est aussi ton père, qui rentre tard du travail, qui te fait des massages au beurre de karité après chaque piscine, qui consacre ses dimanche après-midi à tes dictées ne peut pas être la personne chez qui tu pleurniches pour rien, tu comprends très tôt que c'est la vie.

Quand c'est moche que tes parents soient divorcés, mais qu'être orphelin ça n'a pas de mot, tu comprends très tôt que c'est la vie.

C'est tout simplement la vie. Et la vie n'est pas une fatalité.

La vie c'est plein de pièces qu'on a entre les mains, et on doit se débrouiller pour tenir le coup avec ces pièces là et rien d'autre. Des fois on le comprend très tôt, des fois on le comprend très tard. Je l'ai compris (trop) jeune.

Et pourtant ça ne m'a pas empêché d'adorer mon grand-frère. Ça ne m'a pas empêché d’idolâtrer une grande soeur située à des milliers de kilomètres. Ça ne m'a pas empêché d'aimer mon père absent. Ça ne m'a pas empêché de penser que j'avais la meilleure famille au monde.

Au contraire. Ça m'a permis de pratiquer mon storytelling avec Elvira, ma poupée mousse de l'époque. Ça m'a permis de fouiller les cahiers/livres de ma soeur à la recherche d'évasion et d'inspiration. Ça m'a permis d'adorer ce que j'avais entre les mains, rien de plus. Ça m'a permis de me sentir en famille, au près de toutes les personnes qui m'ont ouvert leurs bras.

Parce que c'est la vie. Des choses nous sont imposées (les fameuses pièces). Et on en choisit d'autres (ce qu'on fait de ces pièces).

Pourquoi j'ai écrit ces mots ? Parce que j'ai réalisé que dire "c'est la vie" ce n'était pas se plaindre, ou être abattu, sans ressources. Dire "c'est la vie", c'est rendre hommage à ces pièces qui sont les nôtres. Ça m'a fait sourire, ça m'a fait me sentir bien, et je me suis dit que j'allais partager ça avec vous.

Ça tombe bien, vous êtes sur mon blog.

Des bisous.
HD

12.2.17

Et si finalement le Cameroun... #MyHopefulBrothers #5

Dernier article de la semaine.

Et si finalement il y avait un groupe de personnes payés en euros et dollars qui tiraient les ficelles dans le Southerns Cameroon.

Et si finalement Tchiroma était atteint de troubles psychologiques.

Et si finalement les anglophones voulaient en majorité l'unité.

Et si les francophones n'étaient que des petits égoïstes qui avaient jusqu'à récemment oublié la loi sur la décentralisation.

Et si les "métisses" francophones/anglophones ne savaient plus sur quel pied danser.

Et si les anglophones d'adoption étaient rejettés par l'Ambazonie en cas de sécession.

Et si finalement le drapeau, la constitution, les passeports de l'Ambazonie étaient trop prémédités.

Et si finalement j'avais appris à dessiner le Cameroun, en vain .

Et si finalement toute l'idée que je m'étais faite du Cameroun était basée sur zéro.

Et si finalement Ahidjo avait fait pire que la coupure d'internet aux anglophones.

Et si finalement la fête de la jeunesse a toujours été une parodie pour effacer le Plebiscite Day de l'histoire du Cameroun.

Et si finalement il n'y avait pas eu de Société Des Nations, d'allemands, de crevettes dans le Wouri

Et si finalement le Cameroun était une grosse arnaque ?

Il resterait toujours l'équipe de Football. Il resterait toujours la famille Decca. Il resterait toujours le Mont Cameroun. Personne ne pourrait enlever X-Maleya aux bassa ou les montagnes aux bamiliké. Personne ne pourrait enlever le camfranglais à toute une génération.

Le problème est que tout le monde veut manger. Tout le monde veut avoir un toit sur sa tête. Tout le monde veut rentrer chez soi sans croiser de militaires prêts à tirer. Et pourtant pour arriver à ça, les uns et les autres ne sont pas prêts à la même chose. Tout le monde veut le paradis, mais personne ne veut mourir. Tout le monde veut ce qui brille, mais tout le monde n'est pas prêt à aller le chercher.

Les camerounais veulent tous la même chose. Ils savent que le Cameroun va mal. Mais l'unité quant au plan d'action est inexistante. Alors vivons seulement. Peut-être que... Ou peut-être pas.

Vivons seulement.

J'ai donné et j'ai dit ce que je pouvais durant cette semaine.
Merci à ceux qui ont participé de près ou de loin.

Vous pouvez fermer cette page.
On a d'autres chats à fouetter.

D'ailleurs Bassogog a quel âge déjà ?
#Team237 Malgré Et Avant tout...

Deb

PS : BRING BACK OUR PUTAIN D'INTERNET

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Le droit de partir - MyHopefulBrothers #1






Pensées anonymes - #MyHopefulBrothers #4

11.2.17

Pensées anonymes - #MyHopefulBrothers #4

Merci à ceux qui ont joué le jeu de la  plus ou moins longue phrase.

Il n'est pire sensation que de se voir privé de parole lorsqu'on se sent déjà incompris.


La liberté quelle quelle soit est comme une liqueur, le peuple y goutte pour s'enivrer. Au Cameroun on a privé une partie du peuple de cette liqueur. Mais comme tous les stupéfiants le sevrage est souvent violent et cette fois ci je formule la prière que le peuple ne se laisse pas corrompre par quelques litres de bières. Mais qu'il revendique ce qui lui revient de droit. Et parce que plus on est de fous plus on rit j'aimerais tellement que ce combat devienne national.


Nous pensions tous être différents jusqu'au jour où nous sommes devenus plus intolérants que ceux que nous décriions.

Le système camerounais est une grosse autruche.


Je n'ai jamais été autant déçu par notre gouvernement. Je pensais quand même qu'il ne nous ferait pas subir certaines choses mais c'était un leurre. Et ça me brise et me rend méfiante concernant l'avenir.

Ici c'est la bas, la bas c'est ici, que ce soit ici ou là bas, au nom du vert rouge jaune étoilé, broda, sista, restons soudés; on est ensemble.



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Le droit de partir - MyHopefulBrothers #1



10.2.17

Et puis un beau jour - #MyHopefulBrothers #3

By a guest

Je ne compte plus le nombre de débats que j’ai eu avec des amis, des connaissances, des membres de ma famille, sur le sujet de l’état socio-économique du Cameroun, et du (non)gouvernement de notre cher pays.

A plusieurs reprises, on m’a dit « vous qui blâmez Paul Biya pour tout ce qui va mal, qu’avez-vous fait pour votre pays ? Qu’est-ce que les Camerounais font pour leurs pays avant d’attendre quelque chose de leur président » et moi à chaque fois, je reste bouché bée devant ce genre de questions, car pour moi, le débat n’est pas là.

D’après mon observation et mon avis personnel, le peuple Camerounais est un peuple apeuré, livré à lui-même, qui vit et subit tellement de d’injustice qu’il préfère en rire plutôt que de se plaindre. Se plaindre ? Mais se plaindre de quoi, à qui, comment ?

Nous parlons d’un pays où l’on peut difficilement faire confiance au système de santé, au système de transport, au système sécuritaire, au système sanitaire. Chaque Camerounais est garant de ces choses-là, me direz-vous ! Eh bien, je ne connais pas et ne peux pas m’adresser efficacement à chaque Camerounais. Chaque Camerounais n’a pas pour mission de veiller à ce que notre pays fonctionne correctement. C’est bien pour cela que nous avons un gouvernement, des hommes et des femmes, qui ont pour mission, au sein de leurs mairies, de leurs ministères, de leur présidence, de veiller au bon fonctionnement et à l’évolution sociale, économique, structurelle, politique du Cameroun. Le rôle des autres citoyens est de choisir les bonnes personnes pour accomplir ce travail, et leur faciliter la tâche en faisant leur part. Je le reconnais, ce n’est pas toujours le cas. Mais une fois de plus, je préfère me concentrer sur ce que j’ai le pouvoir de changer en tant que citoyen(ne).

Comment expliquer ce silence aussi lourd qu’il devient assourdissant, face à ce qui est appelé « le problème anglophone » de la part de nos dirigeants ? Je ne saurais même pas dire avec certitude ce qui se passe, car une fois de plus, au Cameroun, il est si difficile de faire confiance aux informations qui nous sont données ou que l’on trouve, même via des médias dits d’information.

Je suis attristée, lorsque j’observe de nombreuses personnes donner une autre tournure à cette situation, lorsque je lis des messages du type « ils nous font chier ces ambazoniens, à grever sans cesse, laissez-nous vivre » ou du genre « les francophone sont hypocrites et méchants, nous devons les tuer sinon ils nous tueront avant ». Ça m’attriste parce qu’au fond, je veux encore croire que la majorité des Camerounais ne sont pas de cet avis, la majorité des Camerounais comprennent le(s) réel(s) problème(s) qui est (sont) à l‘origine de ces manifestations, et la majorité des Camerounais désirent rester unis, vivre en paix et pouvoir faire confiance à son gouvernement pour le gouverner avec honnêteté et droiture.

Comment explique-t-on que des hommes et femmes soient emprisonnés et menacés de la peine de mort pour avoir manifesté leur mécontentement au vu de la situation qui est la leur ? Comment explique-t-on que les forces de l’ordre qui ont juré de nous protéger deviennent nos assaillants à partir du moment où on veut faire entendre nos voix ? Comment expliquer que ceux qui ont juré et promis de nous servir ignorent complètement et impunément les souffrances, les colères, les larmes et les peines de tous ces Camerounais qui au final ne demandent qu’à être considéré comme tel : des Camerounais à part entière et égale, ce qui leur revient de droit.

Je ne pense pas que nous soyons vraiment un pays de paix, comme nous avons l’habitude de le clamer. Je pense surtout que nous faisons partie d’une génération qui n’a jamais connu le changement, et donc qui n’y croit plus, à force de l’attendre en vain. Alors nous nous sommes résignés, à accepter la situation telle quelle, et à nous battre chacun, individuellement ou collectivement, à la rendre (la situation) plus « supportable ». J’admire les efforts que j’observe tous les jours à l’initiative de jeunes Camerounais, qui ne rêvent que de faire évoluer les choses, en mettant leurs savoir-faire, leurs passions et leur motivation au profit de tous. Mais je suis persuadée qu’on pourrait faire et avoir tellement plus, à ressources égales… Je suis persuadée qu’on pourrait avoir des infrastructures de meilleure qualité, des routes plus praticables, de meilleurs conditions d’éducation, de meilleures écoles, une meilleure valorisation de nos cultures, plus d’emplois, des hôpitaux et médecins plus fiables, un système carcéral plus digne, et j’en passe.

Je suis déçue et désabusée de la façon dont les choses sont gérées dans mon pays. Je le suis depuis un bon moment. Je pourrais passer à l’action, mais je l’avoue, je ne suis pas assez courageux (se), donc je ne peux qu’encourager et applaudir ceux qui ont le courage de descendre dans la rue et faire entendre leurs voix, malgré qu’on leur interdise le droit de protester. Je continue quand même de croire qu’un beau jour, beaucoup de choses iront mieux. Donc je vais faire ce que je peux faire : dénoncer, débattre, m’informer, informer les autres, et voter.

Ms.

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