20.2.15

Story #7 : Il était une fois une infirmière

Ça sera long, et c'est personnel. Alors si vous ne lisez pas totalement, passez votre chemin. Lire en diagonale pour le coup ne serait pas bien intéressant.

Il était une fois une infirmière.

Et en posant ces mots, les larmes me montent aux yeux parce que... Parce que je n'aurai pas eu cette ultime grâce de fouler le même sol que la meilleure personne au monde de l'avis général.

A quoi reconnait-on une bonne personne ? A ce que les gens disent d'elle. Et je peux vous dire que de cette infirmière, on dit BEAUCOUP de bien. Je n'ai jamais entendu un seul mot déplacé pour décrire cette infirmière.

Il était une fois une infirmière.

Elle était gentille, aimante, dévouée, travailleuse, courageuse, attentionnée. A croire que le bon Dieu avait caché toutes les qualités humaines en son humble personne. D'ailleurs est-ce juste de faire ça ? De doter une seule personne d'autant de points positifs ? Elle était un peu comme un ange sur Terre.


Il était une fois une infirmière.

Vous vous dites sûrement que tout le monde devait être heureux à côté d'elle, et que tout le monde en garde un excellent souvenir, et parle d'elle avec les yeux qui brillent ? Je dirais que ce n'est pas exactement ça. Oui les gens parlent d'elle, mais je crois déceler quelque chose comme de la tristesse, comme de la mélancolie quand ils parlent d'elle. Parce que perdre quelqu'un comme ça, ce n'est pas une blessure qui cicatrise, ce n'est pas un deuil qui se fait.

Il était une fois une infirmière.

Le genre de personnes qui mettaient les meilleurs ennemis d'accord. Aujourd'hui, ils sont nombreux à avoir des relations peut-être tendues, mais à partager le même respect et cet énorme reconnaissance d'avoir connu cette personne. Mais ça fait mal. Parce que si elle avait été là, peut-être que ces deux-là... Et si elle avait été là, peut-être que celui-là... Et si elle avait été là...

Il était une fois une infirmière.

Elle est le genre de personnes que vous n'avez jamais rencontré, mais que vous aimez comme si vous l'aviez toujours connu. C'est un peu le genre de personnes qui vous colle involontairement à la peau. Parce que vous savez que même dans l'au-delà, quelqu'un comme ça est là. Elle est le genre de personnes qui peut vous rendre fou. Personnellement je me dis à deux mois près je l'aurais connu ! Quelle injustice.

Il était une fois une infirmière.

Tu as bien fait de ne pas la connaître parce que tu aurais trop souffert à son enterrement. Que pensez-vous de ce genre de phrases ? Je n'ai jamais vraiment digéré ça. C'est trop injuste de retourner dans sa maison, et de dire merde, 30 ans plus tôt elle aurait été là. Quelque part. Maintenant il y a juste ses marmites, son lit, ses photos, sa présence, partout, tout le temps.

Il était une fois une infirmière.

Debora était son prénom. Oui Debora Sans H. Comme moi. Ou plutôt devrais-je dire que c'est moi qui ai emprunté son prénom. Mais de ce que j'en sais on ne m'a pas consulté alors... Quel poids... Qu'est-ce qui peut pousser des parents à nous coller à la peau quelque chose comme ça qui nous suivra toute notre vie ? Parce que toujours et toujours, je serai Debora, comme Deborah, la prêtesse dans l'ancien testament, mais surtout, comme la grand-mère que je n'ai jamais connu.

Il était une fois une infirmière.

Une grande dame qui était la mère de ma mère. Du côté de mon père ? Ce n'est hélas pas moins louable. On parle d'une autre grande dame, aimée de tous, qui se donnait corps et âme pour sa famille avec un époux pas facile. Donc voilà un peu le sang qui coule dans mes veines. Des reines, des vraies.

Il était une fois une infirmière.

Et tout le monde n'arrête pas de dire que je lui ressemble, que je me préoccupe des autres, comme elle. C'est drôle parce que je ne vois pas en moi quelqu'un de bien exemplaire. Plus le temps passe, et plus on me dit des choses gentilles. Apparemment ça m'arrive d'aider les gens. Une fois en passant. Mais je doute d'arriver ne serait-ce qu'à la cheville de l'infirmière.

Il était une fois une infirmière.

Je ne fais pas les choses comme il faudrait. Quelque soit le plan qu'on prend, je suis plus championne d'actes irréfléchis et regrettables qu'autre chose. Et je ne sais vraiment pas ce que je veux faire, et où je veux le faire dans deux ans. La seule certitude que j'ai ? C'est que je veux être comme l'infirmière.

Dans un monde qui manque cruellement de lumière, un monde d'où je veux tous les jours m'échapper, un monde de futilités, un monde de violence, un monde des fois dénué de sens, je me perds, je me cherche, je me perds je me cherche.

Il était une fois une infirmière.

Elle est un peu une boussole. L'ange du Seigneur qui me garde, et qui me guide. Et comme je sais qu'elle ne voudrait sûrement pas me voir la rejoindre d'aussitôt, j'essaie, malgré toutes mes incertitudes d'être aussi une petite lumière dans la vie de certaines personnes.

Et qui sait ? Peut-être qu'un jour, quelqu'un écrira : il était une fois Hopeful Deb.

Hopefully yours,

Deb.


1 commentaire:

  1. Un si beau portrait de notre mbombo à nous!!! Deeply Miss Her. Her mbombo deeply looking like her. Thanks for the gift.

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