Mots écrits en 2012, quand je me faisais encore appeller Plume Bleue...
« la fille de Dorothée ! Ouiii celle qui est un peu grosse ! Je ne te dis pas ! Il fallait la voir hier ! Bras dessus dessous avec le banquier ! Siiii ma copine tu le connais ! Le banquier dont le nom était sorti dans les journaux ! Maaama le gars là a l’argent !!! Ca pousse seulement chez lui ! N’est-ce pas sa femme était morte récemment là ?! Il l’a vendu dans la secte. L’argent SALE ! En tout cas, Dorothée a déjà perdu sa fille hein, vraiment ! En tout cas, vivons seulement ».
La commère que je présente ici, est ce qu’on appelle chez moi, au Cameroun, une « kongosseuse » ! Je ne sais pas si ce terme est utilisé dans d’autres pays africains, mais il sûr et certain que le kongossa est un sport continental ! Ne pas pratiquer ce sport, ça reviendrait à ne pas avoir de vie !
On parle de la cousine germaine qui est à l’étranger, du voisin qui ne rentre jamais chez lui, bref toute âme qui vive est un sujet de conversation ! Et ça discute, et ça parle des autres, ça raconte la vie des autres, ça fait des commentaires sur ces gens qu’on connait ou pas, ça propage des informations plus ou moins véridiques !
Aussi bien les hommes que les femmes, les riches que les pauvres, TOUT LE MONDE kongosse, et, c’est un vrai fléau ! Parce que ça gâche des opportunités, ça détruit des couples, ça salit des réputations, bref ça ruine les vies.
Et puis récemment, je me suis dit qu’il y avait peut-être une hypothèse qu’on pouvait soulever pour expliquer ce phénomène néfaste ! Et pour trouver la dite hypothèse, il suffit de se pencher dans l’essence même des traditions africaines, tout en remontant un peu le temps… Mais pas trop loin. Arrêtons-nous juste à l’époque des griots ! Les griots, ces espèces de « druides » (Panoramix =P), d’érudits, qui transmettent le savoir, l’histoire de passé… oralement ! Le propre de l’Afrique, c’est la tradition orale qui a dominé pendant des siècles et des siècles, le bouche à oreille. Le « Olivier et Lydia vont se séparer, ils ne s’aiment plus », deviendra à la fin d’une chaine « Olivier a mis Lydia dehors parce qu’elle n’accouche pas ». Et puis aussi, l’esprit de groupe y est pour quelque chose. Ça part des rassemblements sous l’arbre au village, avec des bidons de vin blanc pour ces messieurs, autour du mortier pour ces dames… Que faisait-on alors ? On parlait de ce que l’on avait entendu dans la case de l’autre, des merveilles que l’autre avait rapporté de la ville, etc. Depuis toujours les gens se sont toujours intéressés à ce qui se passait ailleurs que chez eux. Les africains sont de véritables chirurgiens de vie…
Alors quand on parle du kongossa aujourd’hui, c’est un fait tellement, mais TELLEMENT ancré dans les mœurs que je me demande s’il existe un moyen de faire changer les choses…
Peut-être faudrait-il les uns les autres se sensibiliser… Quitte à parler des gens, ne parler que de ce qu’on sait ?! Et arrêter d’émettre des hypothèses qui seront relayées après et prises comme vérités véridiques….
Mon Afrique je t’aime, mais nous tes enfants, vraiment…. On ndem !
Plume Bleue !
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