26.8.15

Parlons dépression

Elle a dit que ça la prenait comme ça des fois, sans crier gare. Et elle m’a simplement demandé « est—ce que tu pourrais parler de la dépression ? »

Quels étranges mots de retour après tant d’absence. Cependant je pense que je vais surfer sur cette tendance « pas rose » souvent. Alors parlons dépression !

Etat pathologique marqué par une tristesse avec douleur morale, une perte de l’estime de soi, un ralentissement psychomoteur. Voilà ce que dit le Larousse de la dépression.

Dans les films dits « des blancs » on entend souvent parler de dépression. Peut-être même trop. Cette fausse maladie des blancs n’existe pas chez nous. Chez nous les africains il y a la chaleur (du soleil et du cœur), la famille, les gens au quartier, bref il y a un certain « vivre ensemble » chez nous qui nous met à l’abri de ce mal créé de toute pièce par des petits occidentaux peureux. Voilà ce que beaucoup sur la terre mère pensent ! D’ailleurs c’est même ce que moi-même j’ai pensé pendant longtemps.

Et pourtant la « douleur morale » n’est pas propre à une couleur. C’est très malheureusement l’affaire de tous. Disons simplement que les plus foncés s’évertuent à mieux cacher cela. Je crois.

Pourquoi la jeune demoiselle qui m’a demandé de rédiger cet article serait déprimée ? A priori elle a une famille aimante, des amis sur qui elle peut compter (dont la chiante petite que je suis), elle suit des cours, a un travail, et quelqu’un de proche à son cœur. La vie rêvée non ? Et pourtant. Trop de fois on dort sous le même toit que l’ennemi. Trop de fois on dort avec la seule personne qui nous rabâche sans cesse à quel point on est sans valeur. Non non, pas besoin de deviner, ou d’imaginer des choses. Quand on l’entend ce « elle ne sert à rien », il y a peu de places aux doutes.

De même quand on trouve un nid d’amour dans les bras de quelqu’un qui n’est qu’à quelques milliers de kilomètres, il y a de quoi avoir des insomnies et remettre en question ce bonheur promis qui semble finalement si inaccessible. Et ainsi de suite…

On se trimballe des blessures du passé, on n’est pas exactement très très sûr de ce qu’on voit dans la glace, et puis on pense ! Penser, cette plaie ! Parce qu’oui plus on réfléchit, plus on doute. On remet ainsi tout ce qui ne va pas ensemble et ça fait un fardeau bien trop lourd à porter pour un seul cœur, pour une seule tête, alors à un moment (c’est de la physique), on sombre. Pour quelques mois ? Pour quelques années ? Disons que ça ne se compte pas comme ça ! C’est surtout qu’il y a des jours avec, et des jours sans ! Et pour ceux qui ne l’ont jamais expérimenté, la solitude sait se faire plus présente alors même qu’on est au milieu de pleins de personnes.

Mais il faut bien avancer. On a bien un plan de vie. On doit bien rendre leurs sourires à ceux-là qui ne nous ont rien fait de mal. On doit bien vaquer à nos occupations quotidiennes. On doit bien porter ce masque. Au moins jusqu’à ce qu’on écrive ce qu’on pense à une de ses petites chéries en lui demandant « est-ce que tu pourrais parler de la dépression ? »

Et je suis contente qu’elle me l’ait demandé parce qu’elle sait que je suis là. Et encore plus, je sais qu’elle est là. C’est comme être pris au piège dans un endroit sombre, avec cependant un fil de lumière qui vient de l’extérieur. Parce que dehors brille le soleil. Parce qu’on s’accroche au fait que ça ira mieux.

Because the day will come. Eventually.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Hey ! Ne sois pas timide, exprime-toi.