3.11.16

Deb sort : Au cinéma comme à l'église

Lundi dernier je suis allée voir "La fille du train" avec Emily Blunt et j'ai une certitude, j'arrête avec les thrillers. Avez-vous déjà testé les attractions à sensations ? Il y a ce moment où vous contrôlez tout, vous vous familiarisez avec l'engin, l'histoire. Et forcément à la fin tout va bien, on repose les pieds sur la terre, plus ou moins content de ce qui vient de se passer. Mais le déroulement met notre coeur (ou la boule au ventre je ne sais jamais, ou les deux) à l'épreuve. Ça monte, ça descend, ça tourne, c'est très inconfortable. Est-ce que la fille du train était un bon film ? Oui sans conteste. Mais c'est trop pour mon petit coeur lol. Maintenant je vais m'éloigner des thrillers.

Mais je n'écrivais pas pour parler d'Emily et de son horrible manie de fixer ces maisons lorsqu'elle est dans le train. Juste avant que les lumières ne s'éteignent dans cette salle remplie (veille de jour férié oblige), j'ai entendu le public progressivement se taire. Autant de personnes, réunies, silencieuses, prête à écouter une histoire pas plus légitime qu'une autre. Mais ils sont là, sages, dociles.

Comme à l'église. A la différence que les prêtes et les pasteurs ne réinventent pas la bible. Ou si. Je suppose qu'il y aura autant d'interprétations des saints textes que de théologiens foulant le sol. Mais l'audience elle ne change pas, change peu. A l'église nos oreilles sont prêtes à écouter et à croire tout ce qu'on nous dira. Parce que nous sommes dans un lieu sacré, que les hommes de Dieu sont les bergers chargés de ramener les brebis que nous sommes au père, ou du moins le plus proche possible de lui.

Les réalisateurs eux sont ces talents, ces créatifs, ces artistes qui s'emploient à nous transmettre le meilleur de leur histoire, pour qu'on s'oublie, pour qu'on s'y croit. Et nous évidemment, on y va avec la conviction qu'on y croira. On est plongés dedans, attendant. Vous voyez/entendez beaucoup de personnes s'indigner pendant les séances ? Non, chacun avale tout, et le recrache peut-être après. D'ailleurs ce phénomène ne s'observe pas qu'au cinéma. Je donnerais un seul exemple, Game Of Thrones. Le vice étant poussé si loin que les spectateurs pensent pouvoir rentrer dans la tête des gens de la série, pensant au mieux influer sur leurs choix, ou au pire les deviner. Parce qu'on est dans l'histoire, de la tête au pied.

Du coup c'est fascinant d'observer cette salle à présent sombre, et ces gens tranquille. Comme à l'opéra. Comme au théâtre. Comme à la messe. Finalement, ça doit être inné, la capacité de concentration, de silence, d'écoute chez l'être humain. Finalement tous, on aime à se retrouver dans un lieu plus ou moins bien éclairé, attendant, prêts à recevoir, parce qu'on en a jamais assez. S'enrichir encore et toujours d'images, de sons, de blagues, de gammes, de versets, de sermons.

Au cinéma comme à l'église, docilement, chacun se retrouve avec soi-même.

Mais une fois que la lumière s'allume, une fois qu'on sort, on retourne à notre quotidien. Finalement, était-on vraiment prêt à être enrichi ?

D.

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