15.9.16

It’s not just about the president

Il y a quelques jours j’avais fait une série de tweets où j’expliquais pourquoi en ce qui concerne la politique camerounaise et moi, j’appliquerai une seule chose : l’abstinence.

J’ai enchaîné sur le fait que finalement les politiques étaient les derniers de nos problèmes parce que le premier problème était nous.

J’ai donné l’exemple de ces jeunes dans mon quartier qui avaient jeté leurs ordures au sol alors que les bacs poubelle étaient juste là, devant leurs yeux. Rien pour moi ne justifiait un tel acte parce que les bacs étaient accessibles, le plus grand gars avait la taille requise pour l’atteindre, et c’est un quartier résidentiel ou à priori, les gens reçoivent une éducation (scolaire) plus au moins correcte : on ne peut pas dire qu’ils vivent dans un endroit où ils sont habitués à voir de la saleté par terre. Pour moi de conclure donc « est-ce que c’est Paul Biya qui va venir ramasser les ordures au sol ? »

S’en est suivi un échange plus qu’intéressant avec le boss (F) et S, la cotonette sur le fait qu’ailleurs à Douala le comportement était récurrent, et justifié. F. explique ainsi que les habitants se sont créés des systèmes D à cause des trop nombreux manquements d’Hysacam. Les habitudes ayant la peau dure, même quand la situation revient à la normale, les habitants continuent avec leurs anciennes pratiques. S elle parlait de l’absence d’Hysacam dans de nombreux endroits et du fait que finalement, les gens reproduisaient juste ce que les autres avaient fait avant, mécaniquement. C’est ce que j’appelle comportement de mouton, qui entraîne automatiquement une réaction de berger. Mais au final c’est le serpent qui se mord la queue, on tourne en rond, et on n’avance pas.

Vous savez, j’ai un amour fou pour la jeunesse africaine et plus particulièrement pour la jeunesse camerounaise. Je l’ai dit à plusieurs reprises ici. Je trouve que les camerounais sont doués, talentueux, et profondément attachés à leur pays. Cependant Février 2009, je n’en veux plus. Ce qui se passe ailleurs, c’est exemplaire, très, mais je n’en veux pas pour mon pays.

Parce qu’oui, je vais le dire, et je me ferai lyncher pour ça, mais je préfère pactiser avec le diable pour avoir encore des dizaines d’années de « paix », que de regarder mes frères (parce que c’est sûr, jamais je ne descendrai dans les rues, ni ne demanderai à personne de le faire) prendre le risque de se faire tuer pour un pays qui a été pris en otage, encore par les mauvaises habitudes, de leur propres frères.

Avant de continuer, je ne suis pas RDPCiste.

Je veux essayer de regarder la situation froidement !

Combien de personnes ne jouent pas le jeu du carnet jaune de vaccination à jour ? Récemment encore en sortant de l’avion, j’ai vu un monsieur ignorer la dame du guichet santé, et passer direct devant le guichet de la police. Ne parlons pas du risque pour sa santé si ses vaccins ne sont pas à jour, de la perte d’argent dans les caisses du ministère de la santé, et tout simplement, du manque flagrant de civisme.

Non, rappelons juste que l’aéroport international de Douala c’est une sous-merde sale et non climatisée.

Combien de personnes, connaissent « quelqu’un » qui va leur permettre de faire sortir plus vite leur passeport ou leur CNI, court-circuitant totalement le système normal, et allongeant l’attente pour les mboutouckou (ou les sans-relations) qui font les choses selon les normes ?

Non, rappelons juste à quel point les commissariats ne disposent pas du matériel pour fabriquer une CNI.

Combien de personnes jouent les fous sur la route, n’attachent pas leur ceinture de sécurité, grillent les feux rouge ou empruntent des motos qui roulent à sens interdit ?

Mais non, parlons de l’axe lourd Douala-Yaoundé inexistant, et des embouteillages interminables sur les axes Akwa-Douala Nord.

Et pourtant je veux aussi parler de l’actuel délégué au près du gouvernement de la Communauté Urbaine de Douala qui pour moi, n’en a clairement pas fait assez !!!

Je veux parler de ma coiffeuse, que je vois travailler dur, mais qui doit payer des impôts plus ou moins justes.

Je veux parler de Tata Josy, ma vendeuse de journaux depuis des années, dont le (joli et propre) box à journaux a été détruit, mais qui continue de vivre de ce métier là, journaux aujourd’hui suspendus à un simple fil.

Quel message envoie-ton aux camerounais qui se lèvent tous les jours pour avoir un travail digne ?

Quel message envoie-t-on aux camerounais qui paient consciencieusement leurs impôts sans service minimum en retour ?

Quel message envoie-t-on à ces talents qui ne trouvent pas de moyen de s’épanouir chez EUX ?

Je vous ai dit que je regarderais la situation froidement. Parce que les actes d’incivilité cités plus hauts, ne sont pas du fait de Paul Biya. Ce sont nos propres frères qui nous taxent pour qu’on puisse récupérer nos diplômes, ce n’est pas Paul Biya. Et quand Paul Biya partira (ne vous inquiétez pas, il partira), ces mêmes frères seront toujours au même endroit, avec les même pratiques.

La corruption est ancrée dans les mœurs et ça, ce n’est pas du fait de Paul Biya. Oui son gouvernement, trop souvent ne sert à rien. Oui les camerounais sont beaucoup trop souvent (c’est presque devenu la norme) victimes d’injustice.

Mais nous sommes devenus des challengers sérieux à la bêtise du service public. C’est nous qui salissons notre pays. C’est nous qui contournons les règles. C’est nous qui choisissons la facilité et ça, que ce soit Pierre, Paul, John ou Joshua à Etoudi, ça ne changera pas. A moins que quelqu’un ait les couilles de faire preuve de fermeté. Mais à quel prix ?

Je me rappelle (promis c’est mon dernier exemple), des bend-skin qu’on avait chassé du rond-point Deido et à qui on avait emménagé un endroit pour qu’ils se garent, et attendent les clients sans gêner la circulation. Pendant longtemps les policiers ont veillé, et sanctionné les nombreux contrevenants. Mais quelle est cette vie où l’argent du contribuable doit servir à surveiller que NOUS respections les règles ?

P A sur Twitter qualifie souvent le Cameroun d’Absurdistan. Oui, Absurdistan, de la tête aux pieds, des plus hautes instances, au plus petit des camerounais.

Le mot de la fin ? Non pas de fin mais ouverture. J’aime beaucoup quand F parle de système D. Parce que je pense que c’est là l’avenir. Je pense qu’on doit organiser ces systèmes D, devenir meilleurs, prendre soin de notre communauté et autant que possible, faire les choses dans les règles. Je pense qu’on doit construire le Cameroun qu’on veut. Et parce que c’est mon blog, que je suis hopeful, je pense que si les jambes vont dans le bon sens, le cerveau devra faire l’effort de suivre. Dans tous les cas, une tête qui fonctionne mal ne justifie pas qu’on se prive d’utiliser les jambes qui elles, sont bien valides. Soyons les pieds du Cameroun, sortons les têtes pensantes de l’obscurantisme. Avec ou sans eux, on devrait y arriver, on doit y arriver.

Bravo si vous allez lu jusqu’ici. N’hésitez pas à laisser un commentaire ou à me @ si vous voulez interagir.


HD

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