31.3.16

Parce qu’on n’a pas le choix


Les CDI, ça se rompt, tous les jours. Il y’en a beaucoup qui en ont marre, et qui lâchent l’affaire. Et pourtant pas un jour ne passe sans que des milliers de personnes, quelque part, prient pour en avoir un. Je fais partie de ces milliers de personnes. Je fais partie de ces gens qui prient pour la stabilité, pour la sécurité, pour des lendemains qui chantent, ou du moins ne pleurent pas.

Et pourtant, il y a pire engagement, pire (d’autre diront « meilleur ») contrat que le CDI. Quel est-il ? Le contrat de la mère. A priori, pour les plus naïves, c’est un contrat de 9 mois. Pourtant les vraies savent que c’est un contrat éternel. Tant que le soleil se lèvera en Orient, ce contrat perdurera. Et là encore, comme mon CDI, elles sont des milliers à prier pour avoir la joie de signer ce contrat là.

Quel bien le plus précieux ne vendrait-elle pas pour avoir le grand bonheur d’être (enfin) appelé « maman » ? D’autres, obtiennent ce CDI, un peu par hasard, mais n’en sont pas moins heureuses que celles qui sortent de périodes de prières intensives. Et puis, il y a les autres. Celles qui ne veulent PAS de contrat. Et enfin il y a cette dernière catégorie : les moi, aka celles qui ne pensent pas vouloir de ce contrat.

Quand on signe ce contrat, tous les sens sont en éveil. Quand on signe ce contrat, on devient tout à coup très mature et réfléchie, et en même temps, on ne pouvait pas être plus bête que ses pieds. Quand on signe ce contrat, on ne mesure pas bien (comment pourrait-on ?) ce qui nous attend, et pourtant on a la ô très grande prétention de penser que ça va aller, qu’on va gérer. D’ailleurs quand on est en couple, qu’on a quelqu’un sur qui s’appuyer, on s’imagine ce contrat comme le plus paisible qui soit.

Avant de continuer : qu’est-ce que j’en sais de ce contrat ? Rien. D’ailleurs comme je vous l’ai dit plus haut, je ne suis pas sure de vouloir en savoir grand-chose. Donc n’allez pas dire « Hopeful Deb a dit que.. . Ca n’engage que ? Moi ! Voilà ! ».

Je m’aime. Je m’adore même. Et j’espère que les gens ressentent pareil de leur propre personne. Et quand on devient maman, tout ce qu’on a pu rêver pour nous même, on le rêve maintenant pour autrui. On se voit à travers autrui, et on ne rêve plus forcément qu’un beau garçon ramasse toutes les étoiles du ciel pour nous : on rêve qu’aucun garçon ne touche notre fille, et que son père cueille toutes ses étoiles là, pour que cette fille ne manque jamais, jamais, jamais de rien.

Quand on signe ce contrat, on pense à notre mort, et au fait que même après notre mort, cet enfant ne manque de rien. Quand on est mère on pense à tout, et c’est là l’erreur. On croit penser à tout. On croit tout savoir. On croit tout deviner. On croit tout faire pour le mieux. Ce que la plupart des mères ne savent pas toujours, c’est que par moment, il leur arrive d’échouer lamentablement. Mais la beauté de ce contrat, c’est que cet échec n’est jamais voulu, ou prémédité. C’est pour ça que je disais plus haut qu’être mère c’est devenir aussi plus bête que ses pieds parce qu’on pose des actes, on dit des mots, qu’on ne devrait pas. Mais ça on ne le sait pas, et on ne le saura peut-être jamais.

Parce que quand on est mère, on n’a pas le droit à l’erreur, et on fait toujours au mieux. Quand on est mère on utilise toute son énergie,, même celle que l’on n’a plus pour le bien-être et le bonheur de sa famille. Et des fois quand on est mère, on se vide tellement, qu’on ne peut logiquement plus marcher droit. Mais je peux me permettre d’être là, de vous écrire, de vous raconter des choses plus ou moins vraies. Je peux me permettre tout ça parce que j’ai le choix.

Une mère, elle, n’a plus le choix. Elle a arrêté d’avoir le choix quand elle a assimilé qu’elle allait être mère. Vous avez une mère tyrannique ? Collante ? Insensible ? Sentimentale ? Quelque soit le cas, elles n’ont pas eu le choix. La maman insensible n’a pas eu le choix. Elle a dû sacrifier sa sensibilité pour que votre sale derrière trouve toujours du savon pour redevenir propre. La maman collante n’a pas eu le choix de l’être. Comment aurait-elle pu si bien vous guider et vous écouter autrement ? La maman éloignée n’a pas non plus eu le choix de l’être : c’était ça, ou bien vous sombriez, à deux…

C’est pour ça qu’on ne devrait jamais, jamais avoir à juger une mère, et à plus forte raison SA mère. Parce que ces dames, ces grandes dames, dans toutes leurs imperfections, dans toutes leurs erreurs, dans toutes leurs faiblesses, n’ont jamais eu le choix. Elles ont été et sont ce qu’elles ont pu être, ce qu’elles peuvent être, parce qu’elles n’ont jamais eu, à cause de vous, petits chanceux, le choix d’être autre chose.

Est-ce que ceci est un hommage à ma mère ? Sans aucun doute !

Est-ce que ceci est un hommage aux mères que sont mes amies, cousines et tantes ? Oui, clairement.

Est-ce que c’est un hommage à la mère que ma sœur s’apprête à devenir ? Hell to the YES .

Est-ce que c’est un aveu de faiblesse de la mère que je ne ressens pas le désir de devenir ?Malheureusement, au moment où j’écris ces lignes : OUI !

J’ai fait un joli rêve un jour (que j’avais d’ailleurs transformé en hopestory), et des jumeaux, une petite Anna (comme ma sœur), et son frère Chris, s’apprêtait à entrer dans ma vie. Je sais qu’à la fin de ce doux réveil, je m’étais promis de faire venir Chris et Anna, pour de vrai, et que je serais bien avec eux, et eux avec moi. Mais aujourd’hui, Chris et Anna sont bien loin, et parce que je ne me sens pas de signer ce contrat, Chris et Anna ne seront sûrement jamais rien de plus qu’un lointain rêve et qu’un vieil article sur le blog.

J’aurais pu appeler ce billet « ma crise de la vingtaine », parce qu’oui, hier j’ai tapé sur la barre de recherche google « Ligature de trompes ». J’ai aussi cherché « se faire enlever les ovaires ». Mais le titre sera « Parce qu’on n’a pas le choix », en l’hommage de toutes les mamans du monde.

PS : Je ne sais pas quand est-ce que j’ai commencé à écrire des choses aussi personnelles sur le blog. Je suppose que c’est mon coup de gueule à tous ceux qui pensent qu’Internet ce n’est pas la vraie vie, qu’on ne doit pas s’afficher sur Internet, etc. Je ne fais/dis rien de mal. Je ne suis pas une personne exemplaire mais si mes écrits peuvent toujours servir alors pourquoi pas ? A défaut d’être une Charles Maupassant, je m’offre le luxe d’être une Hopeful Deb.


PS 2 : Réactions vivement attendues !  

1 commentaire:

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