7.8.14

Money (we don’t always have)


Un verre. Un deuxième. Un troisième. Un quatrième. Un énième, je ne sais plus à combien j’en suis. Non non je suis bel et bien sobre, c’est juste que je ne tiens pas un carnet où je note tout ce que je consomme. Qui suis-je ? Un jeune de douala bien sûr.  Je crois que j’ai un peu d’argent. Du moins je crois que mes parents en ont un peu. En fait comme les verres, je ne compte pas. Et puis c’est quoi ces questions ? Je t’en pose moi des questions ?

En France, le découvert est la solution de nombreux étudiants originaires d’Afrique et des  Jeunes Cadres Dynamiques. Ici au pays, les jeunes, en tout cas ceux que je côtoie, tirent souvent leur « argent » de leurs parents. Les verres que compte le jeune homme en intro ? Ce sont des verres d’alcool bien sûr. L’alcool ? La bouteille est au moins à 40 000 FCFA ici, soit l’équivalent du salaire de nombreux de nos vigiles, nourrices, femmes de ménage.

Ca fait bizarre de se mettre en témoin de sa propre vie et de se dire qu’on peut claquer en une soirée ce que d’autres transpirent en un mois. Vous me direz, si on ne l’a pas volé pourquoi s’en priver ? Après tout, c’est aussi la sueur du front de nos parents qui eux ont transpiré pour qu’on ne manque de rien alors pourquoi avoir des états d’âme ?



Voyez-vous, c’est le genre de questions que je me pose souvent, et qui me posent souvent quelques problèmes de conscience. Pourtant je ne suis pas la pire. D’ailleurs s’il y a un adjectif qu’on pourrait utiliser pour me décrire c’est bien « bénévole ». En plus, tant que je peux, je dépanne ceux qui en ont besoin, alors où est le mal ?

Le mal n’est nulle part. C’est juste qu’à ce moment très particulier de ma vie (dans 16 mois si Dieu veut j’entrerai pour de bon dans une entreprise) où je dépends encore de ma mère mais que j’entrevois déjà clairement ce moment où ce ne sera plus le cas, je me pose des questions un peu existentielles comme les précédentes. De plus, en grandissant, on se rend encore plus compte du décalage de niveau de vie entre nous et l’autre.

En France, il y a les allocations de ci et de ça, et puis comme je disais plus haut, il y a les découverts, donc au final le « besoin » ne se lit pas forcément sur les visages. Sortir du travail et écouter les doléances du vigile qui voudrait commencer son service de nuit un peu plus tard, puisqu’il a des vues pour un travail de jour ailleurs. Entrer en boîte de nuit et écouter le fameux « grande-sœur » des enfants de la rue qui attendent le dépannage.

Ce sont autant de choses avec lesquelles j’ai un peu de mal. C’est assez aisé pour moi de dire où je me vois dans tel nombre d’années. Pour le vigile et l’enfant de la rue, je doute que ce soit le cas. Que faire ? Je ne vais pas non plus aider la terre entière, après tout ce n’est même pas mon argent, c’est l’argent que maman veut bien me donner.

Et puis qu’ai-je fait pour mériter cet argent ? Pourquoi le dépenser, et de manière si bête que les soirées ?
Non je ne vais pas en boîte de nuit si souvent que ça au Cameroun et même quand j’y vais, ma sœur m’invite (c’est de l’argent qu’elle gagne, elle peut bien en faire ce qu’elle veut). Me justifier ? Non je ne me justifie pas mais j’avoue que je ne suis pas du genre à « brûler » l’argent. D’ailleurs j’ai toujours regardé d’un œil douteux mes amis au collège qui mettaient des dizaines de milliers de Francs CFA sur les tables pour je ne sais plus trop quoi. La reconnaissance ? Le pouvoir ? Vraiment je ne sais plus.

En grandissant, je me rends compte que je ne manque strictement de rien, bien au contraire. Je ne dirais pas que je vis dans l’abondance, en tout cas pas tant que mon nom ne figurera pas dans le classement Forbes. C’est juste que mes parents ont travaillé d’arrache-pied, et avec une mère comme la mienne, qui a pratiquement plus de la moitié de sa vie dans le social, je ne peux pas considérer l’argent comme un acquis mais bien comme un moyen.

D’ailleurs j’aspire à BIEN gagner ma vie, pour que mes enfants demain n’aient à manquer de rien bien sûr, mais aussi pour pouvoir aider, entreprendre, œuvrer pour les autres.

Du son à fond dans les oreilles. Peut-être que je perds petit à petit mon sens de l’ouïe ? Quoiqu’il en soit toute la semaine prochaine je dois sortir. La vie c’est quoi ? Il faut dépenser, il faut consommer, il faut manger la vie ! Même s’il faut taper dans le découvert, même s’il faut aller gratter le daron. 
This is all about spending money (we don’t always have)….


1 commentaire:

  1. Ma mère dit toujours "j'ai travaillé pour que vous n'ayez pas à souffrir".
    je n'irai pas dépenser pour des choses que je n'ai pas mais je ne vois pas pourquoi je devrais me priver.
    Mon père dit aussi souvent "tu vas à l'école pour gagner ta vie et maintenir sinon améliorer la vie qu'on t'a donnée"
    L'argent, l'argent, l'argent... C'est quand je n'en ai pas ici en France que je me rends compte qu'on ne peut résolument rien faire sans.

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