20.2.16

Parce que tu me manques

Je m'apprête peut-être à écrire ma plus belle histoire. Mais de toute façon, j'ai toujours et toujours su que ce serait ma plus belle histoire.

Je vous le demande sincèrement, que peut-on dire de l'amour qui n'a pas déjà été dit ? On remâche juste les mêmes choses au fil des siècles. Donc non , moi en 2016, je ne compte pas révolutionner la littérature de l'amour et pourtant, elle est sans aucun doute ma plus belle histoire d'amour.

(Peut-être ex-aeqo avec mon mari.)
- Et on ne pleureee ???
- Plou.
- Voilà ! 

Et les larmes cessaient, à la seconde même.

Je ne suis pas la plus aimante des soeurs. J'ai même souvent été à l'origine de ces pleurs. Mais quand nous étions plus jeunes, j'avais trouvé une espèce de comptine pour stopper les larmes de ma petite soeur. Et c'est mécanique, elle ne pouvait pas répéter après moi, et pleurer en même temps. Avec le recul, je ne crois pas que ça me faisait tant mal que ça de la voir pleurer. Je pense surtout que c'est parce que, finalement, ce n'était jamais grave. Il n'y avait rien qui nécessitait que les larmes perdurent.

Et pourtant vintle temps où elle et moi sommes devenues ennemies. Ce n'était plus la fille que je consolais pour un rien, c'était la fille que je voulais étrangler pour un rien. On ne pouvait pas faire nos plans, confier la mission à la pépin-trois-pommes (elle était quand même mingili* hein) qu'elle était, sans qu'elle nous vende moins cher chez Maman. Et je me demande d'ailleurs si c'est qu'elle ne comprenait rien à la vie, ou si elle avait déjà juré allégeance jusqu'à la fin de ses jours à sa mère. Quoique je tends profondément vers la deuxième explication.

Quoiqu'il en soit plus besoin de sortir les mouchoirs, maintenant c'est elle qui se créait des problèmes seules. Mais est-ce que j'avais l'autre petite soeur ? Oui j'avais le petit-frère mais les garçons constituent un cas à part. Donc je n'avais pas l'autre. Pourtant avant sa naissance j'étais officiellement le dernier enfant de mon père et de ma mère, donc techniquement, vouée à demeurer celle à qui on ne dirait jamais non. Et puis ma mère me l'a donnée, cette petite-soeur.

Ma mère m'a donnée une petite-soeur à la peau couleur de miel, comme elle. Ma mère m'a donnée une petite soeur, qui avait des cheveux, que dis-je, une crinière digne de Mufasa. Ma mère m'a donnée une petite soeur propre, soignée carrée, à en rendre mal et jalouse toute soeur un peu normale. Mais moi ? Je l'ai pris comme une bénédiction, j'avais un ange qui repasserait après moi si besoin était. Et puis elle me soulageait un peu. Je me disais que ma mère avait enfin une fille à son image pour ce qui est de la tenue parfaite d'une maison. D'ailleurs, pendant de nombreuses années, je me suis dit que le métier idéal de ma soeur serait femme au foyer. Je ne la voyais pas ailleurs. Je ne la vois toujours pas ailleurs ceci dit, mais elle est trop intelligente et douée pour être du matin au soir dans une seule maison je suppose alors... Que son chemin soit pleins de surprises et de belles opportunités.

Mais, malgré sa supériorité incontestable sur ma personne, elle est ma petite-soeur. J'étais contente de l'accompagner à l'école, de la ramener à la maison, et de porter son sac. Les soeurs servent à ça non ? Jusqu'au jour où elle est allée au collège et n'a plus voulu que je porte son sac. Et quand j'insistais, il fallait que je le lui rende à distance raisonnable de l'école. Il ne fallait limite plus qu'elle tienne ma main pour traverser. Je me suis dit bon, si je ne peux même plus porter son sac, je deviens inutile.

Cependant j'ai toujours essayé de trouver le moyen de me rendre utile, en lui prêtant la place dans mon lit une place (à l'ancienne), puis dans mon lit deux places, puis dans mes affaires, mais au-dessus de tout, je lui ai laissé mon oreille, disponible, si elle le souhaitait.

La vie devant suivre son cours, ça fait maintenant 6 ans qu'on ne vit plus ensemble, et 2 ans qu'on ne s'est pas vu. Est-ce que ça me pose un problème ? Non. Parce que la vie doit suivre son cours pour tout un chacun même si les conditions ne sont pas idéales. Je reconnais tout de même qu'elle est la moins bien lotie de nous tous. En effet ma grande-soeur nous a toujours eu, au moins mon grand-frère et moi, et quand elle est partie, et jusqu'à sonc bac, elle était en internat. Moi jusqu'à mon bac, j'ai toujours eu mes frères et ma petite-soeur. Mon frère jusqu'à son bac, il nous a eu nous ou l'internat. Mais ma petite-soeur, elle n'a pas connu l'internat. Son Bac est encore dans plus d'un an et pourtant ça fait un bon moment qu'elle n'est pas autant entourée que nous avons pu l'être.

Est-ce que c'est dur ? Evidemment. est-ce qu'on peut y faire quelque chose ? Non. C'est la raison pour laquelle par exemple je ne m'apitoie pas sur le fait d'être loin d'elle parce que c'est simple : je n'y peux rien. C'est la vie et c'est comme ça . 

Alors quand elle m'a dit hier qu'elle n'allait pas bien, parce que je lui manquais, je me suis dit "si ce n'est que ça"... Malheureusement elle ne comprend pas encore le concept de coeurs qui peuvent être proches malgré plus de cinq mille kilomètres de distance. Pourtant elle est déjà vieille (17 ans c'est vieux).

Je crois en l'amour, et ma soeur est ma plus belle histoire, tout simplement parce que si je pouvais lui offrir le monde sur un plateau, je laisserais ce blog tout de suite pour aller le cueillir. Ce n'est pas bien grave, ça viendra avec le temps.

Ca fait 6 ans que tout me manque, pas que ma soeur, mais ça va, ça va même très bien, parce que je suis sur un chemin, et que ma soeur est avec moi tous les jours que Dieu faits.

Je ne peux que prier Dieu pour qu'il nous accorde encore beaucoup d'années pour pouvoir profiter l'une de l'autre.

Elle est la plus belle réalisation de ma mère et que je lui manque, pour finir, est un grand, très grand honneur !



*mingili : minuscule en argot camer

2 commentaires:

  1. je me reconnais beaucoup en ce moment dans tes posts décidément...
    J'ai 6 soeurs, je suis la deuxième et après avoirr quitté la maison, je suis venue vivre avec ma grande-soeur puis ma grande-soeur et ma petite-soeur. Maintenant que ma soeur s'apprête à rentrer et que ma petite-soeur va vivre à Nantes (ta ville, quand j'y pense), j'appréhende de commencer ma vie à moi.
    Ton post me rappelle ce quej'essaie de me dire chaque jour, c'est la vie et on a tous un chemin à accomplir dont la séparation fait partie.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ouiiiii ma ville ! Elle va kiffer, et sinon je lui passe des adresses ^^ .

      Le mot-clé, en effet, c'est "chemin". La vie finalement , n'est-ce pas un chemin dont la mort est la destination ? ...

      Supprimer

Hey ! Ne sois pas timide, exprime-toi.